LE CHENE ET LE ROSEAU
Que le Nord eût porté jusque-là dans ses flancs.
Le vent redouble ses efforts,
Et fait si bien qu'il déracine
Celui de qui la tête au ciel était voisine,
Et dont les pieds touchaient à l'empire des morts.
Jean De La Fontaine
Le Roseau et l'Olivier
Un Olivier et un Roseau disputaient ensemble sur leur force et sur leur fermeté. L'Olivier reprochait au Roseau sa fragilité, qui l'obligeait de plier au moindre vent. Le Roseau ne trouvant point de bonnes raisons pour lui répliquer, garda le silence ; mais ayant attendu quelque temps sans rien dire, un vent violent vint à souffler tout à coup. Le Roseau agité par le vent, plia, et n'en fut point incommodé ; mais l'Olivier ayant voulu résister à l'orage, fut emporté et déraciné par la violence du tourbillon. Alors le Roseau prenant son temps pour parler, dit à l'Olivier qui était par terre : " Tu vois bien qu'il est plus à propos de céder à un ennemi puissant, que de lui résister avec une témérité qui a toujours de mauvaises suites. "
Esope
Le Chêne et le Roseau
Le chêne un jour dit au roseau :
« N'êtes-vous pas lassé d'écouter cette fable ?
La morale en est détestable ;
Les hommes bien légers de l'apprendre aux marmots.
Plier, plier toujours, n'est-ce pas déjà trop,
Le pli de l'humaine nature ? »
Le géant, qui souffrait, blessé,
« Voire, dit le roseau, il ne fait pas trop beau ;
Le vent qui secoue vos ramures
(Si je puis en juger à niveau de roseau)
Pourrait vous prouver, d'aventure,
Que nous autres, petites gens,
Si faibles, si chétifs, si humbles, si prudents,
Dont la petite vie est le souci constant,
Résistons pourtant mieux aux tempêtes du monde
Que certains orgueilleux qui s'imaginent grands. »
Le vent se lève sur ses mots, l'orage gronde.
Et le souffle profond qui dévaste les bois,
Tout comme la première fois,
Jette le chêne fier qui le narguait par terre.
« Hé bien, dit le roseau, le cyclone passé -
Il se tenait courbé par un reste de vent -
Qu'en dites-vous donc mon compère ?
(Il ne se fût jamais permis ce mot avant)
Ce que j'avais prédit n'est-il pas arrivé ?"
De mille morts, de mille peines,
Eut un sourire triste et beau ;
Et, avant de mourir, regardant le roseau,
Lui dit : "Je suis encore un chêne."
Jean Anhouil
Si tes résultats ne sont pas à la hauteur de tes espérances, dis toi qu'un jour le grand chêne aussi a été un gland !